L’appellation « bio » à toutes les sauces

  • Verbzh 

Une petite réflexion s’impose aujourd’hui, quitte à mettre des cailloux dans l’engrenage.

La semaine dernière, alors que Nicolas Hulot passait trois minutes dans l’émission Complément d’Enquête, sur France2, je surveillais parallèlement la twittosphère.
C’est ainsi que je tombais sur le hashtag #jeveuxmonbacbio qui me conduisit vers une pétition pour réclamer la mise en service, je cite, d’un « bac bio ».
Moi qui suis pour le respect de l’environnement pratiquement depuis mes 10 ans, j’ai voulu en savoir plus et aller fouiller, non pas dans le bac, encore vide, mais du côté de cet appel.

Sur le fond, pas de problème, c’est une évidence. C’est même plutôt nécessaire. Or, je me suis mise à réfléchir un peu plus avant…

Le but est ici de collecter ses propres déchets organiques : épluchures de légumes et de fruits principalement, voire os de poulet ou restes de viande (pour les non végétariens). Mais comment savoir si un déchet est vraiment « bio ». Et qu’est-ce qu’un « biodéchet » ?

1 – Le compost existe déjà. Bon nombre de particuliers possédant un jardin, même petit, ont un bac à compost. Même dans les résidences, collectivités à appartements (immeubles), on voit des composts collectifs dont le contenu récolté une ou deux fois par an, sert à entretenir les aires environnantes (plates-bandes par exemple). Sans parler des lombrics.

2Ce « bac bio » se veut un appel à une récolte à la source des déchets organiques pour ensuite être transformés à nouveau en « terreau ». C’est là que naît mon doute sur la composition totalement saine de ces déchets. À moins que seuls les particuliers et collectivités utilisant des fruits et légumes parfaitement sains soient équipés de ces bacs. Mais dans ce cas, en général, une démarche de compost est déjà en place…

L’idée est bien sûr intéressante. Et elle est certainement plus pertinente, au niveau du résultat, que ces usines de TMB (Tri Mécano-Biologique) qui fleurissent partout et dont les propriétaires, souvent industriels, revendent du compost issu d’un recyclage de vos ordures, avec comme inconvénient – et non des moindres – de proposer aux agriculteurs un compost transformé en « terreau »… plein de bouts de plastique !
Pour un retour à la terre écologique, cela se pose un peu là ! Ils communiquent sur le fait que cela réduit les déchets (particulièrement ceux des communes), mais il est évident que ce n’est pas une solution puisqu’on recycle… la pollution ; ils s’invitent même dans la notion d’économie « circulaire ». [Notons au passage que si « circulaire » ne veut pas forcément dire écologique, c’est déjà une grande avancée (nous en parlerons ultérieurement).]

Dans cette émission Complément d’enquête du jeudi 19 septembre, on a vu d’ailleurs que les Anglais n’avaient pas d’usines de TMB ne comprenant pas bien comment on pouvait vendre pour du terreau quelque chose de polluant (le plastique effectivement ne peut être « composté » puisque non dégradable)… Mais on sait qu’en France, le profit passe avant la santé.

Ainsi, pour pallier une pollution sans fin, cette pétition lancée par le Cniid, demande qu’un bac soit ajouté pour trier nos déchets organiques. Un bac de couleur verte avec dessus un logo en forme de b minuscule avec les deux jolies feuilles blanches, qui n’est pas sans rappeler la première version du logo AB officiel lancé dans les années 80 par le ministère de l’Agriculture… créé par mon publicitaire de papa (autant dire que je connais l’histoire de ce logo). 😉

Bref. En réalité, ma réflexion met l’accent sur la nature même de ces épluchures amenées à être déposées dans ces potentiels futurs bacs : quid en effet des pesticides contenus dans l’épluchure des fruits et des légumes – car tout le monde ne mange pas encore sain – et qui vont se retrouver en compost avant un retour à la terre… Celle-ci ne risque-t-elle pas de se voir offrir là aussi un risque relatif à la composition initiale de ces déchets ?

Je pose la question. Car si l’on fait du compost à partir de déchets organiques dont on est certains qu’ils sont vraiment naturels, pas de problème pour obtenir ensuite un compost digne de ce nom. Mais nous savons tous très bien que les traces de pesticides sont partout. Je connais des personnes qui mangent encore industriel et me disent « j’épluche, tu comprends, à cause des pesticides« . Oh que oui, je comprends, mais justement : comment se décomposent ces épluchures qui ont été tellement traitées chimiquement ?

Ainsi, qualifier de « bio » un bac à compost, que l’on retrouvera devant les habitations dans lesquelles tout le monde ne se nourrit pas « bio », est un peu bizarre. Car, comme je l’ai expliqué plus haut, pour ces épluchures qui finiront en compost, quid des pesticides qui les composent ?
(Sans parler des substances entrant dans la composition de ces bacs en plastique, où fermentent notre compost… tout cela se mélange.)

Conclusion

Ma question est simple : au lieu d’ajouter une Rustine de plus dans nos méthodes, finalement hypothétiques, de recyclage, ne vaudrait-il pas mieux résoudre le problème à la source ? Faire en sorte de produire réellement naturel, de réduire considérablement, voire de supprimer les composants nocifs et nuisibles (que ce soit pour la santé de la Terre ou de la nôtre, de toute façon, c’est pareil). Le risque d’un recyclage imparfait serait écarté.

J’évoque cela parce que quand on parle d’écologie, je pense que, même si c’est difficile, il faut être logique jusqu’au bout, à un moment donné. Non ?

Une chose est sûre, comme le souligne l’association Cniid, il faut réduire nos déchets à la source.
Cela est tout à fait possible. Il suffit de s’en donner les moyens. Et en plus, c’est économique.

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 (merci à FreeDigitalPhotos.net)
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